La fermentation « nature » : le pari des levures indigènes
Cœur battant du vin, la fermentation est l’étape où le moût, c’est-à-dire le jus de raisin, devient vin grâce à l’action des levures. Dans nombre de domaines conventionnels, les levures commerciales, sélectionnées en laboratoire, sont inoculées pour garantir un profil aromatique stable et une transformation rapide, parfois accompagnées d’enzymes, tanins, acides, ou encore de soufre dès la récolte.
Dans une cuve nature, le raisin est encuvé tel quel, foulé à la main ou non, parfois égrappé, parfois gardé en grappes entières. La fermentation démarre d’elle-même grâce aux levures indigènes, présentes naturellement sur la pruine du fruit. Ce sont elles qui, dans chaque terroir, chaque millésime, dessineront l’identité du vin.
- Aucune adjonction de levures ou d’enzymes n’est autorisée
- Rien non plus pour « corriger » la couleur, l’acidité ou les tanins
- Méfiance absolue à l’égard du SO (sulfites), dont l’addition est limitée à 30 mg/litre (voire zéro, selon les cahiers des charges comme celui de l’AVN) (Source : Association des Vins Naturels, 2022)
Le processus peut durer de quelques jours à plusieurs semaines. Selon la température, l’état sanitaire du raisin, la densité du moût, cette fermentation peut basculer par à-coups, s’arrêter, reprendre, créer ces « déviances » à la marge (certaines odeurs sauvages, réduction, volatile) qui font la réputation parfois sulfureuse, parfois enivrante, des vins naturels.
À ce stade, la principale tâche du vigneron est une veille active : pigeages manuels, remontages doux, prise de température, dégustations quotidiennes. Le contact avec l’air reste limité, et la moindre intervention s’accompagne d’une vigilance extrême pour éviter tout accident microbiologique.